Julia Christ n’est pas porteuse, Alice Rende n’est pas voltigeuse, mais chacune a toujours eu envie d’embrasser ce rôle. Elles n’ont pas les corps ni les prérequis pour cela, mais c’est justement en sortant de leur zones de confort qu’elles déploient une gestuelle unique les amenant inévitablement à chercher la solution en l’autre.
Ce duo acrobatique et dansé de 20 min sillonne entre les jeux d’équilibre, de symétrie, d’improvisation et joue de la gravité.
Les deux corps ont cherché ce qui était possible de faire ensemble, la lenteur a été un outil précieux pour déconstruire les figures classiques de portés et arriver à dessiner un geste qui mette en lumière l’intimité entre les deux danseuses.
Elles se sont inspiré de la sculpture La Poupée de Hans Belmer (1936) qui est un anti-modèle de femme idéale. Déformée, tordue, elle semble danser en même temps qu’elle se porte elle-même.
Dans ce cheminement de portés détournés, les deux danseuses recherchent un état de présence juste et un rapport honnête à soi. Elles n’interprètent rien, mais incarnent, cherchent à préserver leur humanité quelle que soit la posture. Et sans se fondre, mais en veillant toujours, d’une façon ou d’une autre, à célébrer leur différence.
Le langage physique singulier qu’elles ont forgé est donc forcément étranger, et outre-passe les limites entre la danse et le cirque.
» (…) Le cirque à fleur de peau, qui tâtonne parfois merveilleusement. Comme dans les prémisses de Odile et Odette (ndlr : ancien titre de Le Moindre Geste) de Julia Christ et Alice Rende. (…) leur main à main est d’une grâce et d’une profondeur rares. »
Anaïs Héluin – sceneweb.fr